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« Ce que j’ai retenu du modèle chinois »

« Ce que j’ai retenu du modèle chinois »

 Par Sonia Szczerbinski, fondatrice et CEO de TheVFactory Paris Shanghai

 Il y a quelques années, on lui a dit qu’elle ne travaillerait jamais pour le luxe, car elle n’avait « pas le background ». Il n’en fallait pas plus à cette Marseillaise d’origine pour relever le gant. Depuis 2012, Sonia développe ses activités en Chine, et a créé son entreprise en 2017, The VFactory, qui accompagne les maisons de luxe dans leur stratégie d’engagement de la clientèle chinoise via WeChat et l’approche Omnichannel, incontournable en Chine. Son moto ? #nevergiveup.

 « La Chine est un pays où tout est possible mais où rien n’est facile, car tout cohabite en permanence. Les visions à long terme s’entremêlent avec l’agilité quotidienne. En un sens, l’incertitude fait partie de l’ADN chinois. Et, si mon but n’est pas de me comporter « en Chinoise », je sais tout ce que ce pays m’a appris dans ma vie d’entrepreneuse depuis que je travaille avec ce marché ultra-dynamique.

 Ce pays m’a appris à mieux comprendre comment l’individu se fond dans le grand tout. C’est une vision bien occidentale que de tenter de faire entrer la structure sociale chinoise dans nos propres catégories mentales. Le particulier et le global cohabitent en Chine, dans un patriotisme qui parfois nous échappe, mais qui fait aussi ses preuves.

 Ce pays m’a appris à conjuguer le court et le long terme. Dans le court terme, on va vite, on est agile. Dans le long terme, on bâtit. Mais le temps là-bas n’a pas la même signification. Comme s’il ne s’écoulait pas au même rythme !

 Surtout, ce pays m’a appris à innover en permanence pour continuer à accompagner nos clients dans le développement de leur impact business sur le marché, à trouver des solutions rapides en cas d’événement inattendu. Le Covid, de ce point de vue, a été là-bas le déclencheur d’une massive et rapide innovation. Déjà leader mondial de l’achat en e-commerce et m-commerce, la Chine a renforcé sa position. Les vendeurs étaient au chômage forcé ? Les marques ont utilisé WeChat pour les transformer en ambassadeurs, et ça a marché au-delà des espérances. Les gens étaient confinés chez eux ? Le format du livestream a explosé, entraînant dans son sillage une mutation ultra-rapide des usages et une accélération du e-commerce.  Je me souviens d’ailleurs d’un jour où Xi Jing Ping visitait une province reculée en Chine. Les habitants préparaient un livestreaming pour vendre leurs produits, et le président les y a encouragés. Le wellness n’était pas dans les usages quotidiens ? A la faveur d’une baisse de rythme imposé par un confinement strict, le yoga online a explosé.

 Tout ça s’est fait en quelques semaines. Le basculement des usages va perdurer en faisant monter d’un cran le niveau d’exigence de ce marché stratégique ultra-sollicité qui est désormais dans une forte dynamique de consommation.

 Vous me trouvez exagérément enthousiaste ? Vous pensez que j’ignore le revers de la médaille chinoise ? Clairement non. La pression personnelle et professionnelle est impitoyable. L’échec est une honte. Une femme qui n’est pas mariée à 25 ans fait figure de paria. Mais à l’inverse, la réussite est ultra-valorisée, et personne n’imagine que vous ne pouvez pas changer. Rien n’est acquis, donc tout est possible. Habitué à être confronté aux difficultés depuis deux siècles, le peuple chinois valorise le travail et la débrouillardise.

Voilà maintenant plus de sept ans que je travaille sur le marché chinois.

J’y ai trouvé un terrain de jeu qui ne cesse de me surprendre, mais aussi, je dois bien l’admettre, de me fasciner. En résumé, la Chine m’a appris, comme disait ma grand-mère, à ne pas avoir « les deux pieds dans le même sabot ». Bref, à aimer l’incertitude. »

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